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 Les Petites Fenêtres (Charlotte)

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AuteurMessage
Charlotte MARTIN
Clavardeur débutant
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Date d'inscription : 17/02/2007

Les Petites Fenêtres (Charlotte) Empty
MessageSujet: Les Petites Fenêtres (Charlotte)   Les Petites Fenêtres (Charlotte) EmptyLun 25 Juin - 10:52

Les petites fenêtres


Tout a commencé en observant les enfants qui traversaient la rue de Rivoli, une ribambelle de gamins bruyants, se tenant les uns derrière les autres. Ils se tenaient par la main, ou par la capuche. La pluie se mit à tomber.

A côté, sur les Champs-Elysées, dévalaient en cortège des automobiles des années cinquante. Dans le reflet grisâtre du macadam ou des pavés, la silhouette d'une jeune femme poussant un landeau se découpait sur l'avenue. Ombre chinoise, elle balancait ses longues jambes, bien déterminée à traverser sous la horde des voitures menaçantes.

Juste au dessous, une tête de dragon, solidement fixée à la cathédrale, Notre-Dame, Oh! l'affreuse grimace: une gargouille gargouillante, la gueule béante, toute prête à croquer Mademoiselle Eiffel.

Un tour de plus et je tombe sur un écolier. Un petit garçon qui révise ses leçons. Ses amis qui couraient encore il y a quelques minutes sous la pluie de Rivoli l'ont laissé là. Le maître l'a puni, faute d'avoir balancé un coup de pied dans les tibias de ce morveux de Charles. Voilà c'qui vous arrive quand vous trichez aux billes! Un bon coup d'pied! Bien placé, et vlan! Mais le p'tit' puni s'ennuie. Huit fois huit soixante quatre, sept fois sept quarante neuf, huit fois neuf...

Son camarade, Joseph, a pointé son nez vers l'horloge, il est bientôt midi. Il a faim et son ventre gargouille depuis onze heures. Il imagine déjà l'odeur du clafouti de sa maman. Hum... l'odeur du gâteau tout chaud, les cerises fondantes, le bon goût du beurre frais.

Dans la rue, derrière l'école, y'a Claude qui est allé se percher sur un panneau de circulation. On a fini l'école, demain c'est jeudi! Il a compté, il a une revanches à prendre aux billes.

Plus bas, il y a le Champs de Mars, on voit un vieux monsieur qui promène en laisse un lapin blanc. Les gens sont fous!

Pas très loin, la Statue de la Liberté boude. Elle tourne le dos pour l'éternité à la Tour Eiffel qui pavoise. Elle est la plus photographiée de tout Paris, alors forcement, elle se prend pour une starlette. A tel point que lorque la Nuit se lève, Mademoiselle Eiffel se met à scintiller. Sa robe est, juste pour quelques minutes, toute incrustée de diamants. Elle est belle, majesteuse, au sommet de sa gloire. La boudeuse préfère écouter la Seine, sous le pont Mirabeau, et nos amours... Tiens, en parlant d'amour, une autre m'arrête. Ca doit faire des lustres qu'ils s'embrassent ces deux-là.

Je la tends au monsieur. Un euro. Une enveloppe. Je sors en laissant derrière moi toutes ces petites fenêtres ouvertes sur le Paris d'une autre époque, le Paris noir et blanc de Doisneau et de son appareil photo. Dans mon sac, le Baiser de l'Hôtel de Ville a glissé entre un roman et le pariscope. Mon commentaire? « Une très belle expo ».
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